Je monte les escaliers deux par deux. Seigneur fait qu’il ne saute pas avant que j’arrive. J’ai tellement de chose à lui dire. J’arrive enfin sur le toit. Il est là, toujours monté sur le rebord. Je m’approche doucement.
« - Ninomiya… »
Il sursaute et manque de perdre l’équilibre. On peut entendre les cris des badauds en bas.
« - NINOMIYA !!! »
Ouf ! Je pose la main sur ma poitrine. Je crois que mon cœur s’est arrêté une seconde.

Pourquoi il est venu.
« - Qu’est… qu’est-ce que vous faites ici ? Laissez-moi tranquille.
- Descend s’il te plait c’est dangereux.
- …
- On va discuter.
- Discuter de quoi ? De ma vie de merde ? Des amants de mère tous plus nul les uns que les autres ? Du baiser qu’on a échangé ? Ou du fait que vous m’évitiez depuis ce jour-là ? »

Je ne sais pas quoi lui répondre. Je n’arrive plus à réfléchir normalement.
« - Je ne suis important pour personne alors que je meurs ou non…
- Ne dis plus jamais ça !!! »

Je me retourne pour lui faire face et je suis surpris de voir des larmes couler le long de ses joues. Pourquoi pleure-t-il ? Je ne comprends pas.
« - S’il te plait Kazunari descend »
Il m’a appelé par mon prénom.
« - Pourquoi…
- Je ne veux pas que tu meurs, je t’ai… »
Je ne peux empêcher un rire amer sortir de ma gorge.
« - Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ?
- Vous
- Moi !
- Oui, je n’ai jamais vu un hypocrite comme vous. Vous versez des larmes et dites de belles paroles mais vous n’assumez rien de ce qui s’est passé ce jour-là. Ne vous inquiétez pas Ohno-sensei j’emporterai ce secret dans ma tombe. Ni vos collègues, ni votre fiancée ne seront au courant. »

Il fait de nouveau face au vide.
« - Att… Attends ! De quoi tu parles ? Je n’ai pas de fiancée.
- Et la fille que vous serriez dans vos bras hier soir ? »
Je secoue la tête d’incompréhension.
« - De quoi tu parles ?
Ha ! Je viens de comprendre.
« - Tu te trompes, ce n’est pas ma copine, c’est…
- Stop ! J’en ai marre de tout ça. »

Je ne peux plus retenir mes larmes de couler.
« - Vous savez Ohno-sensei, je ne vous ai jamais oublié toutes ces années et aujourd’hui, je peux vous le dire, vous avez été mon premier baiser et mon premier et seul amour. »

Je suis sous le choc… Dis quelque chose imbécile. Toutes mes pensées sont sans dessus dessous.
« - Adieu Ohno- sensei
- NON !! Ne fais pas ça. »
- … »
Je sers les poings et me mets à hurler de toutes mes forces.
« - JE T’AIME »

Mon corps se tétanise sur le coup de la surprise. Il… Il m’aime ? Non ce n’est pas vrai.
« - Vous… Vous mentez.
- Je t’aime et si je t’ai évité tout ce temps c’est que je ne savais pas quoi faire. Je suis ton professeur et je… je n’ai pas le droit de ressentir du désir pour toi.
« - Du désir ? »
Je ne sais plus où j’en suis. Serait-ce un mensonge pour me faire changer d’avis.
« - Kazunari ? »
Je tourne la tête et je le vois me sourire et sa main tendu vers moi.
« - Viens…
- … et votre copine ? »
Il se met à rire.
« - C’est ma demi-sœur que tu as vu. Elle est venue pour me donner des nouvelles de mon père et de sa mère»
Puis-je lui faire confiance ? Oui je crois. Je me retourne complètement pour lui faire de nouveau face puis je lui tends la main qu’il attrape et me fait descendre de mon perchoir.

Je le sers fort dans mes bras et l’entends pleurer. Je prends son visage entre les mains comme si c’était une chose fragile.
« - Je te promets que je ne fuirais plus, que je resterai avec toi autant de temps que tu voudras de moi. Je te promets que tu ne s’ouvriras plus et que tu ne sentiras plus ce vide dans ton cœur. Je t’aime. »
Je dépose un baiser sur ses lèvres tremblantes.